La Maison de La Photographie des Landes

Entretenir la flamme de Félix Arnaudin

Arts plastiques & arts visuels
Reportage
Par Champs Libres Multimédia – Sonia Moumen
3 minutes de découverte
02 • 05 • 2023
Un peu à l’écart du centre de Labouheyre, dans une maison typiquement landaise, se niche la Maison de La Photographie des Landes, qui est aussi une Maison des Illustres, un lieu de mémoire mais aussi de création pour de nouvelles générations de photographes.

Ce n’est pas un hasard si la petite ville de Labouheyre est devenue un haut lieu de la photographie en milieu rural. C’est ici que vécut le photographe et ethnologue Félix Arnaudin. Félix Arnaudin, tous les Landais le connaissent. C’est lui qui documenta, inlassablement, avec ses photographies, la transformation au XIX° siècle de la Haute Lande en forêt de pins. 

Rachetée par la commune, sa modeste maison est devenue un lieu consacré à la création photographique. On y retrouve bien sûr l’âme et le travail de Félix Arnaudin, mais aussi des expositions de photographes contemporains, invités dans le cadre de résidences d’artistes. Ils sont plus de 40 aujourd’hui à s’être prêtés au jeu d’une relecture photographique de ce territoire et des gens qui y vivent, chacun avec son approche et sa sensibilité. Une belle manière de garder vivante, plus d’un siècle après sa disparition, la flamme de Félix Arnaudin.

Félix Arnaudin : l’homme de la Haute Lande

Dans les Landes de l’enfance de Félix Arnaudin (1844-1921), l’horizon est vierge et donne un sentiment d’infini qu’hérissent parfois les longues silhouettes de bergers perchés sur leurs échasses. Félix Arnaudin aime profondément ces grands espaces, qui, sous l’impulsion de Napoléon III au second empire, devront céder la place à une forêt cultivée et industrialisée. La Haute Lande, telle que la connaissait Félix Arnaudin, est en train de disparaître au profit des alignements de pins. 

Lui qui vit là, entreprend de documenter cette culture et ces paysages en voie de disparition. Il se fait photographe pour sauver cette terre de l’oubli et transmettre aux futures générations les images d’une époque d’avant la mutation paysagère, économique, sociale et identitaire de ce territoire rural. 

À l’époque, il n’est guère soutenu et passe pour un original, allant même jusqu’à être surnommé Lou Pèc (le niais, en gascon). Quelques mois avant sa mort en 1931, il écrit : « Dans ma pauvre vie de rêveur sauvage, toutefois anxieux de notre passé local, je n’ai guère reçu d’encouragements ; l’indifférence et les railleries, un peu de tous côtés, en ont volontiers pris la place. »

Pourtant, faisant fi de l’indifférence, il constitue au fil de décennies une œuvre photographique et ethnographique unique par son ampleur et portée par une démarche rationnelle et scientifique.

« Que mon œuvre soit mon tribut filial à cette terre de grandiose et ensorcelante poésie que j'aime maladivement et qui reste devant mes yeux, à travers l'amertume de mes regrets, toujours mystérieusement souriante, dans la douce splendeur de son horizon sans borne, toujours animée de la vie naïve et libre des jours évanouis. »

Félix Arnaudin

Ainsi parcourt-il la Haute Lande de part en part, souvent à bicyclette, pour interroger les habitants à l’aide de questionnaires et collecter des informations très précises sur le mode de vie gascon de l’époque. Dans ses photographies, il effectue un important travail de mise en scène dans l’idée de produire une photographie au plus proche de sa réalité. 

Ce n’est qu’à partir de 1960 que des passionnés et autres héritiers commencent à s’intéresser à ce patrimoine… Aujourd’hui les 2 700 plaques photographiques retrouvées sont conservées au Musée d’Aquitaine de Bordeaux, les jeunes générations de photographes, artistes, historiens ou auteurs, se passionnent pour son œuvre, sa maison à Labouheyre est devenue Maison des Illustres et Maison de La Photographie. Qu’il est loin le temps de l’indifférence et du mépris…

Maison des Illustres

Des Maisons des Illustres, il en existe un peu plus de 250 en France. Un label qui signale des lieux dans lesquels ont vécu des femmes et des hommes qui ont marqué l’histoire politique, sociale ou culturelle de la nation. La Maison de la Photographie des Landes dans la petite ville de Labouheyre dans les Landes est de ceux-là, comme par exemple la Maison Maria Casarès à Alloue (Charente).

Photographie
Félix ArnaudinMaison de la photographie des Landes
LabouheyreLandes (40)Nouvelle-Aquitaine

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