L’originalité collective des lieux intermédiaires indépendants
Foncièrement créatifs, proches de la population, soucieux des enjeux de transition sociétale
En milieu rural, les lieux d’art et de culture, souvent expérimentaux et indépendants, toujours collaboratifs, sont confrontés depuis quelques années à la montée en puissance des tiers-lieux. S’en démarquent-ils ? Et si oui, comment ? Dans cet article, Philippe Henry, chercheur en sociologie-économie de la culture à l’université Paris 8, cherche à comprendre ce qui différencie les lieux intermédiaires indépendants des tiers-lieux. Il s’interroge aussi sur leur rôle dans les transitions sociétales et sur leur dynamique dans le projet culturel de territoire.
Soucieux de leurs territoires d’implantation, quelque 160 représentants d’espaces, de démarches et de réseaux de création artistique ont décidé de constituer, en 2014 , une Coordination nationale des lieux intermédiaires et indépendants (CNLII). Le qualificatif d’« intermédiaires » est apparu dès le premier colloque international consacré aux friches culturelles et autres espaces expérimentaux de créativité artistique et sociale, en février 2002, à la Friche la Belle de Mai de Marseille . Celui d’« indépendants » est directement emprunté aux compagnies de spectacle vivant (gérant ou non un lieu propre) dont les directions disposent d’une autonomie de décision, entre autres, vis-à-vis des pouvoirs publics. Dans une charte adoptée en 2015 , ces initiatives se présentent plus particulièrement comme des « lieux d’art et de culture collaboratifs et expérimentaux », « préoccupés par les enjeux politiques de la fabrique du sensible », « force d’alternative aux modèles dominants de pensée ». Ils se veulent aussi « projets issus de la société civile où s’élaborent, entre chose publique et privée, des biens communs, où s’expérimente une démocratie culturelle en acte ».
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