Portrait d’Olivier Deck, photographe et poète
Entre ombre et lumière
Artiste protéiforme – il aime parler de lui en évoquant un poulpe ou Shiva -, Olivier Deck est à la fois écrivain, poète, peintre, musicien et photographe. Béarnais installé dans le sud des Landes, il construit au fil des années une œuvre aussi riche que profonde autour des images, des mots et de la musique. Découverte photographique et poétique.
Olivier Deck commence la photographie à l’âge de 13 ans, lorsqu’on lui offre un appareil Zénit. Aussitôt, il se met à photographier le paysage, les objets et les êtres qui l’entourent. Les dés sont jetés, la photographie l’accompagnera ainsi dans toutes ses pérégrinations.
Après un passage par la photographie numérique et la couleur, il découvre en 2011 les images en noir et blanc de Klavdij Sluban, photographe franco-slovène. C’est pour lui, un choc, une révélation. Il part alors à sa rencontre. C’est au cours d’une master class donnée par Klavdij Sluban qu’il élabore son premier grand projet de création photographique et littéraire. Il en résultera une exposition en mano a mano avec Klavdij Sluban à Dax, et l’édition d’un livre aux éditions Contrejour : Un peu plus que la vie.
Méditation sur l’enfance et le paysage où l’écriture littéraire prend une place importante, Un peu plus que la vie a été salué par la presse nationale spécialisée et constitue le premier grand cycle photopoétique d’Olivier Deck.
Ma vie, c’est de marcher avec un appareil photo. Le paysage est au cœur de ma vie depuis 25 ans.
L’approche photographique d’Olivier Deck s’inscrit à la fois au cœur et dans la marge de la production contemporaine. Pratique de vie, de chaque instant, elle s’abreuve à la source de la photographie des grands maîtres tels Paul Strand, Steichen, Alvin Langdon Coburn, Julia Margaret Cameron, Gustave le Gray… et à celle de la peinture, avec sa propre expérience de peintre, et sa fréquentation de Turner, Monet, Chardin, Iroshige, Shi Tao, Xu Ta… Homme d’image et de mots, l’auteur se nourrit également de ses lectures, côté occident, Raymond Carver, Bernard Manciet, Charles Baudelaire, Arthur Rimbaud, Jim Harrison, Gary Snyder, et côté orient, puisque ses divagations intérieures se font le plus souvent en compagnie des poètes vagabonds, Li Po, Wang Wei, Ryokan, Saïgyo, Han Shan…
On ne peut comprendre en profondeur l’œuvre d’Olivier Deck sans prendre en compte l’intensité du travail intérieur qu’il a menée par sa pratique intense des arts martiaux traditionnels japonais – kendo et iaido -, et son parcours théorique et pratique en psychanalyse. L’étude assidue de Freud, Ferenczi, Klein, Green… lui permet de comprendre et d’exploiter les ressources infinies de l’anamnèse, et de libérer ce chant intérieur de l’enfant qui ne meurt jamais dans l’adulte.
En 2021, il poursuit son travail d’artiste avec L’envers de la lumière, parfaite illustration de ce travail de synthèse alliant l’image photographique et l’écriture poétique introspective. Ce recueil est issu de ses carnets quotidiens, dans lesquels il mène une réflexion au long cours sur sa propre pratique photographique, considérée comme un moyen privilégié de vivre poétiquement sa vie. « Dans ses carnets de voyage, Matsuo Bashô raconte qu’un jour, franchissant un col qui s’ouvrait sur un vallée baignée de brumes, il fut saisi d’émotion. Il prit place sur un rocher, tira de sa besace encre, pinceau et rouleau de papier sur lequel il composa un poème. Lisant cela, j’ai pensé que si le poète avait disposé à ce moment-là d’un appareil photo, il aurait sans aucun doute « fait » une photographie. J’ai alors compris que si l’on dit communément que photographier signifie « écrire avec la lumière », ce que j’écris avec ma photographie, c’est de la Poésie. »
L'envers de la lumière
Olivier Deck
Éditions Contrejour, 2021
Carnet 12×18, couverture avec rabats, avec un cahier de 16 images en bichromie
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