Chabram2 : un centre d’art contemporain dans une ancienne école

Le lieu a de quoi surprendre. Le périmètre est délimité par une clôture, la cour en béton est dépouillée de tout artifice et l’espace de pelouse rase mollement agrémenté d’un massif paysagé dégarni. Au fond, l’école grise à l’architecture d’après-guerre, austère, s’étend en long, au rythme de ses multiples fenêtres.

Il n’est pas courant de se rendre à une exposition d’art contemporain dans une école communale. C’est pourtant là que l’association CHAMBRAM2 a choisi d’installer un lieu de création et d’exposition, qu’elle a nommé L’école, avec pour objectif principal de développer une offre culturelle locale à destination de tous.

Un lieu d’exposition

Et des expositions, il y en a ! Au moins deux par an. Depuis « Istanbul is Calling », en 2013, qui rassemblait des œuvres d’artistes turcs et internationaux sous la houlette du collectionneur Olivier Cerri, se sont succédées, entre autre, « Fragile », une exposition de céramique contemporaine, « VisuELLES », qui interrogeait la faible présence de femmes artistes, et encore « Terrain sensible », menée en partenariat avec le FRAC Poitou-Charentes en 2019. En 2021, « Petites mémoires » rend hommage à la Grande Champagne et à ses habitants.

« Il n’y a de « petites mémoires » que singulière; chaque mémoire mérite d’être connue, écoutée, exposée, connue de « tous », comme le patrimoine qui l’abrite, monuments, champs, maisons, murs… », expliquent les organisateurs de l’exposition. Pour le photographe David Pisani et l’ethnographe Elise Billiard, la rencontre avec les habitants s’est matérialisée par trois séries de photographies. Ensemble, ils ont réalisé cinq superbes portraits argentiques en noir et blanc, cinq clichés des objets fétiches de ces personnes et cinq autres de leur lieu favori, créant ainsi « des images de mémoire. »

Les résidences d’artistes

L’autre axe de développement de CHAMBRAM2, ce sont les résidences artistiques. Depuis l’automne 2018, l’école est mise à disposition des artistes grâce à la rénovation de l’ancien logement situé au-dessus des salles d’exposition qui offre un hébergement sur le lieu même de création et de production. Les résidences, programmées pour une durée d’un à trois mois, visent à favoriser les rencontres avec les publics.

« Chaque résidence est réfléchie pour et avec l’artiste pour être à la fois une expérience artistique enrichissante, propice à la création mais aussi être une expérience humaine et faciliter sa rencontre et les échanges avec des publics variés », assure Marie-Line Daudin, présidente de CHABRAM2.

L’association garantit aussi des conditions favorables à la réalisation d’un travail de recherche et de création par l’octroi d’une allocation et en facilitant la recherche de matériel, la mise en contact avec les acteurs locaux et l’aide à la réalisation.

Mais L’école ne serait pas tout à fait ce qu’elle est si elle ne permettait pas aux artistes de rencontrer un large public. Des actions de médiation sont organisées dans le cadre des parcours culturels mis en place par la communauté d’agglomération de Grand Cognac pour soutenir l’Education Artistique et Culturelle des jeunes. Au cours de l’été 2021, le peintre et muraliste Kegrea a animé trois ateliers de pratiques artistiques autour du thème de la mémoire et du territoire. Plus tôt dans l’année et en lien avec l’exposition « Tout est lié », une conférence sur les arts textiles a retracé les changements et les métamorphoses opérés sur cette fibre que l’Homme utilise depuis la nuit des temps jusque dans son art.

Petit à petit, L’école se transforme. Aujourd’hui, une fresque, « L’entraide » réalisée par Kegrea, habille l’un de ses murs. Assurément, elle contribue à dévoiler l’art contemporain sur ce petit bout de territoire qui en redemande.