Dans l’antre du réalisateur Hayao Miyazaki

Rencontre avec Alice Bernadac, conservatrice à Cité de la tapisserie d’Aubusson

Arts plastiques & arts visuels
Grand Entretien
Par Champs Libres Multimédia – Sonia Moumen
30 minutes de découverte
28 • 11 • 2023

PAS TOUJOURS SIMPLE DE SITUER AUBUSSON SUR UNE CARTE, POURTANT, LA PETITE VILLE CREUSOISE DÉTIENT UN SAVOIR-FAIRE RECONNU PATRIMOINE IMMATÉRIEL DE L’UNESCO, FAIT PARLER D’ELLE DANS LE MONDE ENTIER ET AIMANTE JEUNES TALENTS ET ARTISTES CONFIRMÉS DE TOUS LES CONTINENTS. TISSER ET FAIRE TISSER SES ŒUVRES ICI SEMBLE ÊTRE UN PASSAGE OBLIGÉ COMME EN TÉMOIGNENT LES NOMS DE LE CORBUSIER, PICASSO, TOLKIEN, ET À PRÉSENT HAYAO MIYAZAKI !
DEPUIS PLUSIEURS ANNÉES, LA CITÉ DE LA TAPISSERIE D’AUBUSSON S’EST EMBARQUÉE DANS LE TISSAGE DE PLUSIEURS TAPISSERIES MONUMENTALES TIRÉES DES ŒUVRES DU PLUS GRAND RÉALISATEUR JAPONAIS DE FILMS D’ANIMATION. RENCONTRE AVEC ALICE BERNADAC, CONSERVATRICE PARTICULIÈREMENT MOBILISÉE.

La tapisserie a souvent une image vieillotte, pourtant c’est un art très contemporain comme en témoignent les commandes et grands projets de la Cité de la tapisserie. Que pouvez-vous nous en dire ? 

Depuis sa création en 2010, la Cité internationale de la tapisserie a mis en place une politique de création contemporaine très forte, avec un fond contemporain. Tous les ans ou tous les deux ans, la Cité lance un appel à projets qui vise à sélectionner des projets d’artistes contemporains destinés à être tissés en tapisserie d’Aubusson. Cela  amène des artistes contemporains vers la tapisserie, avec des projets par ailleurs extrêmement variés.
En parallèle de cette impulsion vers la création contemporaine, la Cité de la tapisserie a également mis en place des projets de grandes tentures afin d’imaginer ce que pourraient être aujourd’hui des tentures narratives à la façon dont elle pouvait exister aux XVII° et XVIIIᵉ siècles. Une tenture, c’est un ensemble de plusieurs tapisseries qui racontent une histoire, ou qui ont un même sujet et qui se suivent avec une logique.

Quelle a été la première de ces grandes tentures narratives ? 

La première de ces grandes tentures est Aubusson tisse Tolkien, à partir de 2017, qui a visé à interpréter en tapisseries d’Aubusson les illustrations originales produites par JRR Tolkien pour illustrer Le Hobbit, Le Silmarillion et Le Seigneur des anneaux. Toutes ces œuvres qu’on a tant de plaisir à lire.

Depuis 2019, vous avez enclenché une nouvelle et ambitieuse tenture autour de l’univers de Hayao Miyazaki… 

En 2019, la Cité de la tapisserie s’est tournée vers l’imaginaire de Hayao Miyazaki, c’est-à-dire vers le cinéma d’animation et vers le Japon. Vers un réalisateur mondialement connu à l’œuvre extraordinairement riche. C’est donc cinq tapisseries de formats monumentaux qui sont produites dans ce cadre à partir d’images extraites des films de Hayao Miyazaki.

Quelles sont les contraintes d’un tel projet, notamment pour le choix des images ? 

Le choix s’est effectué bien sûr en lien avec le studio Ghibli et avec Hayao Miyazaki lui-même. L’équipe de la Cité a visionné les films, puis a visionné à nouveau les films en coupant le son, puisque l’histoire en elle-même était tellement entraînante que c’était une grande distraction pour sélectionner des plans qui semblaient intéressants à interpréter en tapisserie. Non seulement en tapisserie, mais en très grand format.
Ensuite, ces images ont été soumises à l’approbation du studio Ghibli et de Hayao Miyazaki. Il a demandé certaines modifications, par exemple dans l’image du Sans visage du Voyage de Chihiro. Hayao Miyazaki a demandé qu’on agrandisse l’image horizontalement pour montrer cette créature dans son ensemble.

Quels liens ont ces images avec l’histoire de la tapisserie d’Aubusson ? 

Les images tirées des films de Hayao Miyazaki n’ont pas été choisies au hasard par l’équipe de la Cité. Des liens ont été cherchés avec des thématiques ou avec des esthétiques propres à l’histoire de la tapisserie d’Aubusson. Par exemple, la tapisserie de Princesse Mononoké, la première de la tenture, a été choisie parce que c’est une verdure monumentale. C’est une image extraordinaire de la forêt, avec ses arbres immenses et ces personnages qui sont vraiment minuscules. Elle semblait dialoguer parfaitement avec l’histoire de la tapisserie d’Aubusson. En effet, au cours de notre histoire, la thématique de la nature a été extraordinairement présente, notamment à travers ce qu’on a appelé les verdures. Les verdures sont des tapisseries qui se centrent sur la nature en tant que sujet principal. Ce sont des paysages souvent peuplés d’animaux, beaucoup d’oiseaux, mais cela peut également être des scènes mythologiques. La présence humaine y est reléguée au second plan ou au rang de motifs décoratifs.
Ces verdures sont très fortement présentes dans l’imaginaire collectif et associées à Aubusson comme centre de production, même si par ailleurs, Aubusson a produit beaucoup d’autres types de tapisseries aux XVIIᵉ et XVIIIᵉ siècles. C’est aussi un lien avec la Creuse, puisqu’ici on a cette nature absolument extraordinaire et préservée, avec de très beaux paysages dont on est persuadé qu’ils ont beaucoup inspiré les anciens cartonniers d’Aubusson.

Y a-t-il d’autres parallèles entre les images de Hayao Miyazaki que vous avez choisies et l’histoire de la tapisserie d’Aubusson ?

Il y a d’autres parallèles effectivement, notamment avec la quatrième tapisserie de la tenture Miyazaki, La peur de Haru tiré du film Le Château ambulant. Il  représente Haru le sorcier allongé dans sa chambre, dans une espèce d’accumulation d’objets extraordinaires et parfois non identifiés. Cette accumulation a beaucoup rappelé à l’équipe de la Cité l’image d’une tapisserie qui représente le conte de La Belle au bois dormant présentée par les Manufactures nationales à l’exposition internationale des arts décoratifs et industriels en 1925 et qui est un moment jalon dans l’histoire de la tapisserie.

Les verdures sont des tapisseries qui se centrent sur la nature en tant que sujet principal. C’est aussi un lien avec la Creuse, puisqu'ici on a cette nature absolument extraordinaire et préservée, avec de très beaux paysages dont on est persuadé qu'ils ont beaucoup inspiré les anciens cartonniers d'Aubusson.

Alice Bernardac

Comment passe-t-on d’une image pour le cinéma à une tapisserie ?

ll a semblé important pour l’équipe de la Cité de la tapisserie de passer à des formats monumentaux pour permettre l’immersion du spectateur dans cet univers visuel. Cela a eu plusieurs contraintes dans la préparation des tissages et dans ce qu’on appelle “l’interprétation de l’image”.
L’idée de base qu’il faut bien comprendre, c’est que la tapisserie d’Aubusson ne cherche pas à copier parfaitement l’image de base. On cherche à prendre une œuvre au départ et à en faire émerger une seconde qui va exister par elle-même et pour elle-même. Une œuvre qui va avoir vraiment son intérêt propre. Il y a évidemment une adaptation.
Ici, on a travaillé à partir d’images numériques extraites des films fournis par le Studio Ghibli, on les a agrandies numériquement et imprimées. C’est à partir de ces impressions au format de la future tapisserie que la cartonnière Delphine Mangeret a pu travailler et établir le carton. Évidemment, quand on agrandit une image comme ça, on perd en qualité de couleurs, en netteté des formes. Il y a eu un gros travail pour la cartonnière, pour retracer toutes les formes mais aussi pour les couleurs. On part d’images de départ rétro-éclairées alors que les tapisseries sont éclairées par l’extérieur et par le devant.

La couleur semble être une étape très importante… 

Il faut vraiment penser à la façon dont on va transcrire ces premières couleurs peintes sur le carton. Fils en couleur, laine, soie, lin par exemple. Cela nécessite également toute une réflexion sur la façon dont ces couleurs vont réagir une fois teintées en textile et vont réagir une fois juxtaposées entre elles sur la tapisserie.
Ce que l’on souhaite, c’est vraiment de conserver beaucoup de présence et beaucoup de lumière. Ça a été tout le travail de dialogue entre la cartonnière Delphine Mangeret et la teinturière Nadia Petkovic.

Avez-vous le sentiment d’avoir réussi jusqu’ici le pari de l’interprétation ? 

Quand on regarde aujourd’hui les premières tapisseries de la tenture, on est très heureux du résultat. L’Atelier Guyot, qui a tissé la première tapisserie tirée de Princesse Mononoké, par exemple, a vraiment su tirer parti des matières, des couleurs et du carton qui leur ont été fournis. Non pas pour copier l’image de départ, mais pour livrer vraiment une seconde œuvre, pour rester fidèle à une ambiance plutôt que strictement à un tracé ou aux couleurs du film de départ. La réussite de cette tapisserie tient dans le respect, je pense, de l’intention de Miyazaki, dans  toute cette monumentalité donnée à cette forêt, qui est vraiment la thématique centrale de Princesse Mononoké.

Cette image de Princesse Mononoké n’existe pas non plus telle quelle dans le film… 

Effectivement. C’est d’ailleurs une question que nous a posée Hayao Miyazaki en la voyant. En fait, il s’agit d’un balayage dans le film qui part de la cime des arbres et qui descend progressivement jusqu’à se focaliser sur le personnage principal, en train de soigner sa blessure dans l’eau d’une source. L’équipe de la Cité de tapisserie a juxtaposé plusieurs plans du film et a proposé cette image à Hayao Miyazaki.

Comment avez-vous travaillé avec les studios Ghibli et Hayao Miyazaki au quotidien ? 

La Cité de la tapisserie a pris contact avec le studio Ghibli avec cette proposition de tenture qui a été acceptée très rapidement. On a eu énormément de chance puisque Hayao Miyazaki nous a laissé beaucoup de liberté. Il a dit « laissez-les créer ! ». Il s’est montré très respectueux des savoir-faire des lissiers (les personnes qui tissent ndlr) d’Aubusson. Lui-même, en tant que créatif, a souhaité leur laisser le champ le plus libre possible pour exprimer leur savoir-faire, leur art. C’est une grande chance dans cette collaboration artistique.

Le Studio Ghibli est bien sûr tenu au courant de tout ce qui se passe autour de la tenture. On leur envoie des dossiers pour leur expliquer les choix d’interprétation qui sont faits dans le cadre de chaque tissage, avec des petits échantillons tissés ou des échantillons de matière pour qu’ils puissent, même à distance, se rendre compte et suivre le projet.

Pouvez-vous nous parler du Château ambulant

La plus grande tapisserie de cette tenture est extraite du Château ambulant et montre justement le château en lui-même. Elle fait cinq mètres sur cinq, soit 25 mètres carrés. Elle est extrêmement intéressante notamment parce qu’il y a eu un gros travail sur les matières. Ce château ambulant est construit de bric et de broc, avec tout un assemblage de bois, de métal, de parties rouillées, de mousses… Cela a été tout le travail de dialogue entre Delphine Mangeret, la cartonnière du projet, la coloriste Nadia Petkovic et les lissières pour voir quel mélange de couleurs et de matières on pouvait utiliser pour rendre chacun de ces matériaux et obtenir cet aspect composite.
Quand on le voit se déplacer dans le film, on a l’impression qu’il va toujours s’écrouler. Pour rendre vraiment très vivante cette machinerie extraordinaire imaginée par Miyazaki, il a fallu relever le défi de la vapeur qu’il dégage. On s’est tourné vers la laine mohair. Et ça fonctionne extrêmement bien.

La particularité de la tapisserie d’Aubusson fait que les personnes qui tissent, les lissiers, ne voient le résultat final qu’à la toute fin…

La tapisserie d’Aubusson est dite de basse lisse : les métiers à tisser ne sont pas verticaux mais horizontaux, parallèles au sol. Et la particularité, c’est de ne voir, durant tout le travail, que l’envers du tissage. On ne voit l’image finale qu’au moment de ce qu’on appelle la “tombée de métier”. L’autre particularité, c’est qu’en plus, le lissier ne voit jamais l’entièreté de l’image en train d’être tissée : au fur et à mesure de l’avancée du travail, on enroule la tapisserie pour libérer de la place et pouvoir progresser dans le tissage.
Le lissier ne voit jamais une trentaine de centimètres de tissage et à l’envers ! Il ne verra son travail à l’endroit et dans sa totalité que lorsqu’ il l’aura terminé. De plus à Aubusson, on ne tisse pas de bas en haut ou de haut en bas, mais on a plutôt tendance à tisser de gauche à droite ou de droite à gauche. Les lissiers progressent dans le sens inverse de sens de lecture de l’image. Ça crée une difficulté supplémentaire. Ici, les lissiers sont habitués à penser triplement à l’envers !
Vous imaginez aisément que la tombée du métier, ce moment où on va libérer la tapisserie du métier à tisser, est un moment pour le lissier qui peut être à la fois très valorisant et très angoissant !

Ce passage du dessin animé à la tapisserie est une première ? 

Je ne connais pas d’autres exemples d’adaptation d’images de films d’animation en tapisserie. La tenture Miyazaki ouvre sur les nouveaux imaginaires qui marquent la période contemporaine et qu’on a très envie de continuer à explorer ; en cinéma d’animation, en bandes dessinées, en jeux vidéo. On peut imaginer énormément de pistes très passionnantes à partir de là.

J’aimerais que l’on parle un peu plus de l’univers de Hayao Miyazaki…

En ce qui me concerne, l’œuvre de Miyazaki, je la connais depuis l’enfance. Donc évidemment, il y a un lien émotionnel, quelque chose qui m’a accompagnée en grandissant, comme pour beaucoup de gens de ma génération. Et je pense que c’est ce qui fonde aussi une partie du succès de la tenture auprès du public.
Il y a énormément de thématiques passionnantes mises en avant par Miyazaki. La sélection qui a été faite par la Cité de la tapisserie vise aussi à essayer de mettre en avant certaines de ces thématiques : la nature avec Princesse Mononoké ou Nausicaa, mais aussi le rapport à la machine, au travail de la main, au monde ouvrier. Ce qui est très intéressant dans l’univers de cet artiste c’est qu’il y a une richesse visuelle extraordinaire. On a autant des scènes d’intérieur absolument passionnantes et minutieuses comme dans Le Château ambulant par exemple, que des plans de paysages naturels absolument grandioses. C’est très stimulant de travailler sur un artiste aussi complet.

Propos recueillis par Sonia Moumen, janvier 2023.

Un peu d’histoire

La tapisserie s’implante et se développe à Aubusson au XVᵉ siècle. L’installation, à l’initiative de Colbert, d’une Manufacture royale permet le développement d’un artisanat d’excellence, qui rapidement s’ouvre sur le monde. Avec l’avènement de l’ère industrielle, la petite cité creusoise grandit au diapason de la tapisserie et de ses savoir-faire, entraînant la création de nombreux ateliers, dans une zone montagnarde et forestière comprise entre Guéret et Felletin.

Au début du XXe siècle, au moment où l’art réinterroge ses fondements, de nombreux artistes et peintres s’intéressent à l’art de la tapisserie et Aubusson devient le centre d’une intense activité, relayée par des galeristes, des expositions, des critiques, des musées. De grands artistes – de Picasso à Lurçat ou Fernand Léger – séjournent et travaillent de manière plus ou moins durable à Aubusson.

Cet intérêt n’empêche qu’à la fin du XXe siècle, Aubusson subisse de plein fouet une crise industrielle et démographique : les ateliers ferment les uns après les autres, de nombreux artisans cessent leur activité et la ville périclite.

Il faudra toute la détermination des collectivités locales et de l’Etat, le dynamisme artistique et commercial des quelques manufactures ayant refusé la fatalité du déclin pour que ces savoir-faire ancestraux ne s’éteignent pas et que l’activité artisanale connaisse un nouvel élan.

Dopée par son inscription au Patrimoine immatériel de l’Unesco en 2009, par la création de la Cité internationale de la tapisserie, par une audacieuse politique de commande artistique, par la mobilisation de tous les acteurs territoriaux (notamment à travers la mise en place de filières de formation), la tapisserie d’Aubusson renaît aujourd’hui de ses cendres et est prête à s’ancrer à nouveau dans la modernité.

Des commandes à des artistes contemporains, et des projets de grandes tentures narratives voient le jour à l’initiative de la Cité de la tapisserie d’Aubusson. Après une tenture (ensemble de tapisseries et de tapis) autour l‘univers pictural de l’écrivain J.R.R. Tolkien, une tenture autour du l’univers du grand réalisateur japonais Hayao Miyazaki est  en cours de tissage.

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Alice BernadacDelphine MangeretNadia Petkovic
AubussonCreuseFrance

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