Les sorcières d’Akelarre
Un film de Pablo Agüero
Les sorcières d’Akelarre du réalisateur Pablo Aguero sort en salle le 25 août 2021. Plébiscité aux Premios Goya espagnol, ce conte féministe raconte le procès en sorcellerie de jeunes femmes dans le pays basque du XVIIe siècle. Entretien avec le réalisateur argentin et l’un de ses producteur, Jokin Etcheverria.
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Votre précédent film documentait la vie d’un groupe de femmes patagoniennes décidant de tout quitter pour construire ensemble un temple, et vous réalisez aujourd’hui Les Sorcières d’Akelarre, qui raconte le procès en sorcellerie de jeunes femmes dans le Pays basque du XVIIe siècle. Qu’est-ce qui vous inspire dans le fait de filmer la question de la condition féminine, et plus précisément celle des femmes en communauté ?
Pablo Agüero : J’ai traité ce sujet depuis mes premiers courts métrages, sans le planifier, instinctivement. Peut-être parce que je l’ai vécu. Ayant grandi seul avec ma mère dans la société argentine post-dictatoriale, j’ai vécu des situations extrêmes et j’ai pu constater à quel point le diktat machiste est générateur d’une violence particulièrement dégradante.
Les protagonistes de mes films ont toujours été des femmes. Peut-être parce qu’il me semble essentiel de se mettre dans la peau d’un ou d’une autre. Il y a, depuis peu, une tendance à dire que l’on n’est légitime que pour raconter l’histoire de sa propre communauté. Je pense, au contraire, que c’est le regard artistique qui rend légitime une œuvre. Victor Hugo n’était pas un bagnard, Flaubert n’était pas Madame Bovary, Mary Shelley n’était pas un homme monstrueux… C’étaient de grands écrivains qui racontaient autre chose qu’eux-mêmes. Et je pense qu’on ne devrait pas se battre que pour nos propres droits, mais aussi pour ceux des autres.
Les inquisiteurs avaient pour but explicite d’éduquer le peuple par la terreur. En imposant la terreur, ils ont imposé une pensée unique. Pendant des générations, ils nous ont éduqués à devenir ce que nous sommes aujourd’hui. Alors, si l’on veut vraiment changer en profondeur notre société, on devrait essayer de désamorcer ce qu’ils ont inscrit dans notre inconscient collectif.
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